La pêche

Cela faisait quelques jours qu'Elenwendë avait quitté la capitale Firen pour partir à l'aventure, pensant que tout irait bien, naïve qu'elle était. Quitter la ville fortifiée n'est pas spécialement compliqué. Les divers contrôlent se faisant surtout sur les entrées, c'est sans même être arrêtée que la jeune Moine parvint à quitter les murs de cette grande cité pour la première fois depuis de longues années.

L'air frais de l'aventure et du monde extérieur remplissait rapidement ses poumons à mesure qu'elle prenait une grande inspiration, un sourire heureux sur son visage. Elle était de ceux qui se contentent de peu, si bien que la simple idée de partir à l'aventure l’apaisait et la ravissait au plus haut point. Elle ne savait pas où aller, ce qu'elle allait trouver ni même ce qu'elle pourrait rencontrer sur le chemin, mais l'inconnu la fascinait encore plus que ça ne pouvait l'effrayer.

Il est délicat de se promener à travers Paruda sans armes et, pire encore, seule. Cependant, préceptes obliges, elle respectait les tablettes ancestrales. La force du corps n'a d'égal que la force de l'esprit était une maxime qui l'avait marquée, même si elle ne se souvenait pas vraiment des mots exacts. Suivant le cours du fleuve proche de Domahghaer, Elen se dirigeait vers le sud, suivant la Rivière de la Dent du Loup. Elle fut cependant rapidement interpellée par une pancarte placardée proche de la rive.

Une progéniture d'un monstre marin de Solaar a été repérée dans la rivière.
Trouvez et éliminez le rejeton avant qu'il n'atteigne la mer intérieur de Jubaiala et ne s'attaque à la faune locale, ou pire, ne se reproduise.
Voila qui s'annonçait être des plus intéressant ! Prête à répondre aux cloches de sa fameuse Aventure, Elenwendë serra les poings, avec un air satisfait. S'apprêtant à se mettre en quête du fameux monstre, elle fut rapidement stoppée dans son élan à la vue de l'arrivée d'une autre personne. Ne manquant pas de prise d'initiative, la Moine s'avança vers elle, lui tendant une main pourvue d'un sourire béat. Du pouce de sa main libre, elle pointait la pancarte qu'elle venait de lire.

La pêche?

Ses longs cheveux se promenaient dans le vent, grâce à sa marche toujours déterminée. Elle avait décidé de quitter un peu son lieu d’origine pour tester sa force. En effet, elle croyait qu’il fallait parfois quitter et briser sa routine. Jade croyait qu’elle devait donc partir, c’était à ses yeux le seul moyen de respecter cette pensée. Elle avait marché depuis un bout, la nature n’échappait pas à son regard. Certes, elle se sentait un peu seule et devait certainement envisager de l’être pour un bout, mais elle croyait que peut-être cela la guérirait un peu de sa peur du noir et de la solitude. Du moins, elle espérait. Longeant une rivière, elle y promenait ses doigts, en buvant un peu de celle-ci. Peu d’armure sur elle, la guerrière comptait beaucoup sur son arme préférée, et peut-être sa force et ses durs entraînements. Dans un petit soupir, elle continuait un peu, avant de voir un écriteau.

«Une progéniture d'un monstre marin de Solaar a été repérée dans la rivière.
Trouvez et éliminez le rejeton avant qu'il n'atteigne la mer intérieur de Jubaiala et ne s'attaque à la faune locale, ou pire, ne se reproduise.»

Elle regardait d’un air perplexe ce panneau, puis se dit que cela tombait bien, elle n’avait jamais fait cela et ce serait un bon moyen d’atteindre son objectif. Jade allait près de l’eau, en frôlant la surface du bout de ses doigts, nostalgique et calculatrice à la fois. Soudain, elle entendit une voix, certes amicale, mais qui l’avait fait sursauter. D’un mouvement, elle se tournait avec en main le manche de son katana. Oh… C’était une jeune femme, qui ne semblait pas vouloir de mal… Sur ses gardes, elle répondit :

-B-bonjour… Dit-elle, le regard déviant. Et bien… P-pourquoi…Pas… Dit-elle tranquillement. Je suis Jade… Finit-elle en s’inclinant légèrement.

D’un côté, la guerrière fut soulagée de trouver quelqu’un avec qui elle pourrait faire cette quête. Non qu’elle allait accorder aussi facilement sa confiance, simplement… Cela ne lui disait pas d’être seule, surtout dans le noir. Elle préférait tester sa force et se débarrasser de ses peurs plus tard… Elle regardait la jeune femme, d’un charisme épouvantable… Elle était si jolie, et débordait de confiance. Jade retirait la main sur son manche d’arme pour se retourner vers la rivière.

-Auriez-vous une idée d’où pourrait se cacher un tel monstre? Demandait-elle en frôlant de nouveau la surface.

En effet, la jeune femme avait pris comme habitude, peut-être mauvaise habitude pour certains, de porter un immense respect aux autres. Non qu’elle crût que ceux qui le faisaient étaient irrespectueux, mais pour sa part, elle préférait rester polie, surtout au début des rencontres. Évidemment, si Elenwendë n’aimait pas cela, elle pouvait toujours en faire part à la guerrière! Lase et calme, elle observait son reflet réagir aux vagues de ses touchers.

La pêche

Naturellement, Elen ne put s'empêcher de sursauter en voyant son interlocutrice réagir en posant la main sur le pommeau de son arme. Le souffle court, la jeune Firen du s'y reprendre à deux fois pour pouvoir respirer normalement suite à sa frayeur. Jamais elle n'aurait imaginé une telle réaction à vrai dire. Une main posée sur sa poitrine, elle avait un air soulagé. Sa vis-à-vis n'avait eut, au final, la même réaction effrayée qu'elle.

La jeune femme se présenta sous le prénom Jade. Elle était très belle, l'attention d'Elenwendë était rivée sur sa chevelure argentée qu'elle allait jalouser ardemment. Les yeux fixés sur elle, on aurait dit qu'ils avaient des étoiles scintillantes à la place des pupilles.  C'est alors qu'Elen constata que sa compatriote Firen semblait être relativement timide, balbutiant sur les premières syllabes de quelques-unes de ses paroles.

Jade souleva alors une question pertinente. Posant son index sur ses lèvres, la jeune Moine leva les yeux vers le ciel, un air songeur. Hmmmm... Elle marque une pause, baissant la tête en direction du sol cette fois-ci. Fermant les yeux, elle grimaça légèrement avant de se frapper les mains l'une dans l'autre, présentant à Jade une mine radieuse, illuminée d'une idée qu'elle jugeait intéressante.



Elle s'arrête un instant, un air satisfait et fixe la Firen aux cheveux argentés. Qu'en penses-tu Jade ? Elle s'arrête immédiatement, posant une main sur sa bouche, comme si elle venait de dire une énormité. Je...Je peux t'appeler Jade ?

La pêche?

Si Elen jalousait les cheveux de Jade, la guerrière jalousait bien ses expressions et comment dire, son langage corporel et tout ça… Des habiletés sociales que celle aux cheveux bleus n’avait tout simplement pas. Elle réfléchissait aux propos et l’idée de l’autre firen, peut-être avait-elle raison. Il faisait déjà nuit, alors les recherches devraient commencer demain, en ce moment on ne voyait pas beaucoup… Non qu’il faisait très noir, mais le soleil était fatigue et   il ne servait à rien de se casser les yeux à tenter de voir quelconque créature.

-Que voulez-vous dire par… on pourrait voir mieux les petits? Demandait-elle, intriguée.

Sa théorie était bonne, seulement, la guerrière avait de la difficulté à comprendre… Jade osait quelques instants observer un peu plus Elen, qui l’appelait par son prénom. Les yeux grands, elle se sentait littéralement rougir. Cela faisait bien longtemps que quelqu’un ne l’avait pas appelé ainsi, c’était toujours; La femme, celle aux cheveux bleus, la mystérieuse… Rien de bien personnifiés, sauf au niveau de son physique et trait de caractère. Rouge comme une tomate, elle avait la bouche décalée par la surprise, mais revint rapidement à un stade normal.

-O-oui…Bien sûr… Dit-elle calmement.

Jade regardait le soleil se coucher de plus en plus avant de proposer…

-On devrait peut-être aller se coucher… Dit la guerrière en pointant l’astre.

De son côté, elle déchirait des feuilles immenses, puis des branches, pour faire une bonne imitation de tente. Quelque élément plus doux, puis elle mit une couverture sur le sol et une autre lui servirait pour se couvrir. Elle était habituée à ce genre de campement, c’était plutôt la noirceur qui l’inquiétait, mais elle n’en dit rien. Elles n’étaient pas obligées de se coucher tout de suite, simplement, elle prévoyait. Quelque branche de plus et elle frottait deux morceaux de bois rapidement, histoire de faire un feu.